Brassens ne s’y était pas trompé. Quel bonheur de planter un arbre, de le voir grandir, fleurir et de bénéficier de son ombre rafraîchissante en pleine saison estivale.
Quand nous avons emménagé en 2020 dans notre petite maison au cœur de l’Avesnois, nous avions eu un véritable coup de cœur pour le petit jardin caché derrière la grande grange. Lors de notre première visite, c’est avec surprise et enchantement que nous avions découvert, au fond de la cour, un petit passage qui nous avait mené à cet espace insoupçonné, gardé par le vieux noisetier et qui est devenu notre petit paradis terrestre où s’invitent mésanges, écureuils et hérissons. Comme la partie du fond était en friche, nous nous sommes attelés à lui donner une nouvelle jeunesse. D’abord la pelouse, puis les fleurs et les arbustes et enfin un petit potager sont venus progressivement l’égayer…
Pour accompagner le petit banc, j’avais planté un arbre, un acer dont la fiche informative me promettait une croissance rapide. Vous n’allez pas me croire mais en quatre ans l’arbre n’a pas pris un centimètre !!!! Pour bénéficier de son ombre, il fallait obligatoirement quitter le banc et s’allonger sur l’herbe, la tête collée au tronc ! Pas très pratique vous en conviendrez ! A coup sûr, l’acer était japonais et nain ! J’ai beau être patiente et pleine d’optimisme, j’ai dû me résigner et il continue désormais sa vie lente et paisible dans un pot.
Pourtant je poursuivais encore l’idée d’un arbre qui donnerait du relief à mon jardin et qui nous envelopperait de ses ramures les soirs d’été . J’en rêvais… Gamm vert l’a fait ! Après avoir mis la main au porte monnaie, loué une camionnette à Intermarché, le gros bébé de trois mètres et d’une centaine de kilos a débarqué dans notre cour ! Le début du rêve… et de la galère !!!!! Deux heures pour lui faire parcourir les cinquante mètres jusqu’au trou qui attendait sa plantation ! La motte lourdement posée sur le diable, la bâche tendue pour éviter que les roues s’enfoncent dans la terre humide, nous avons poussé centimètre par centimètre pour atteindre la destination finale !!!! Si Sisyphe a souffert avec son rocher, nous avons goûté ce samedi après midi un peu de son châtiment éternel ! Un comble quand on pense que ces efforts titanesques dignes de l’enfer avaient pour objectif d’agrémenter un coin de paradis ! Notre vieux border collie, allongé dans un coin, nous regardait, médusé, se demandant pourquoi ses maîtres tentaient de promener un arbre qui n’avait pas de pattes !
Quand vers 19h l’arbre fut enfin en terre, nous nous sommes assis, éreintés mais heureux, pour un apéro bien mérité pendant que le barbecue crépitait. Et nous avons trinqué, fiers du travail accompli, admirant notre cornus Kousa se dressant fièrement et attendant…son banc !
(Bridg)